Dans son ouvrage L'Expressionnisme comme Révolte (Payot, Paris,1978), Jean-Michel Palmier note :

«Peut-on donc parler d'une « esthétique nazie »? Rien n'est moins sûr. Non seulement on ne trouve sous le Troisième Reich, à notre connaissance, aucun traité d'esthétique qui ait été publié avec l'accord du parti et qui en exprime les idées, mais la notion même d' « esthétique » semble suspecte aux nazis. Les critères selon lesquels on juge les oeuvres sont essentiellement politiques. L'œuvre est belle si elle correspond à l'incarnation de l'esprit de la communauté raciale et souvent c'est la tradition populaire qui est la garantie de sa valeur.»

On pourrait ajouter que ce qu'on entend habituellement par « art nazi » est en réalité un art qui refuse les ruptures induites par l'art dit «moderne», comme le démontre d'ailleurs, dans la juxtaposition des images, précédemment, la « communauté d'esprit artistique » entre un Hildebrand, par exemple, qui fut la grande référence de Breker à ses débuts, avec d'autres sculpteurs, comme Belmondo, Landowski ou Despiau... On aurait pu citer également ici Henri Bouchard ; comparer "l'expressionnisme" des oeuvres d'un Bourdelle et de Thorak, dont on ne montre généralement qu'une ou deux oeuvres...

- Et en ce sens, précisément, un art qui serait en quelque sorte spécifiquement «nazi», autrement dit qui serait l'émanation et la création du mouvement politique nazi, un tel art n'existe pas !

On ne saurait d'ailleurs en trouver meilleure preuve, notamment en sculpture, dans le fait que tant ARNO BREKER, que FRITZ KLIMSCH, JOSEF THORAK, RICHARD SCHEIBE, GEORG KOLBE, étaient déjà des sculpteurs accomplis, reconnus et célébrés bien avant l'arrivée au pouvoir de Hitler, en janvier 1933 ! Par ailleurs, à considérer les oeuvres des uns et des autres, avant et après 1933, on ne peut constater en toute objectivité aucun changement radical. Chacun est demeuré fidèle à son style propre; un style par ailleurs tout à fait comparable à ce qui se faisait, à la même époque, en France (voir l'ensemble sculptural du Trocadéro, à Paris), aux États-Unis ou en URSS...