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Quelque 1000 personnes ont manifesté hier soir, vers 18 heures, devant la galerie d’art Bodo von Langenn, Meinekestrasse, contre l’inauguration de l’exposition consacrée à Breker. Des heurts se sont produits avec les forces de l’ordre présentes sur place. Der Tagesspiegel / Berliner Teil, 25 mai 1981 (extrait)

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« J’avais eu envie récemment d’aller voir [Breker]  à la suite d’une expérience irritante à Berlin où je voulais visiter une exposition Breker, et où un grand costaud d’étudiant qui barrait l’entrée et montait la garde s’était mis en travers de mon chemin avec la prétention de m’instruire. Contre quoi voulait-il me mettre en garde ? — contre l’art « dégénéré » ? On pourrait faire l’économie de guillemets ; ce genre de personnages traversent les systèmes et se ressemblent comme un œuf pourri à un autre. » (Ernst Jünger, Soixante-dix s’efface, tome III, Gallimard, 1996, p.104)

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« J’ai envie de sortir mon marteau. [...] J’avoue que pour la première fois de ma vie je comprends les casseurs d’idoles : je me ferais une joie aujourd’hui encore de briser ces hideux vestiges. [...] Le plus dangereux c’est qu’aujourd’hui si vous donnez le choix à une municipalité entre un Giacometti ou un Arno Breker ils mettront le Breker devant la mairie. » (Michel Polac, L’Événement du jeudi, n° 227)

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Récemment, un article déplorait non pas que Breker ait été hitlérien (il n’a jamais adhéré au parti nazi), mais que Hitler, lui, ait été « brekerien ». [...] Alignés contre les murs de l’atelier d’Arno Breker, il y a cent visages, témoins pour le meilleur et pour le pire des destinées du XXe siècle. On ne peut s’empêcher de penser que cette sculpture dépasse largement les desseins politiques. Serait-ce aussi ce qu’on lui reproche ? (Léopold Sanchez, Le Figaro Magazine, 24 janvier 1981)

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« Hier soir « Club 2 », télévision autrichienne, débat sur l’art et le peuple. En fin d’émission, discussion sur la manipulation de la critique et les faiseurs d’opinions dans les universités, les musées et la presse. Lorsque Ernst Fuchs — l’homme qui en sait long sur les arrière-plans et dont la réussite est au-dessus de tout soupçon — confirma les faits sans aucune réserve (« Et comment ! » ; faisant observer en souriant que les artistes de l’ère nazie ont été systématiquement exclus depuis 1945), et lorsqu’il cita Arno Breker, l’émission s’arrêta brusquement, fin d’émission, il se faisait tard. Le psychologue appelle la ressemblance avec l’ennemi « imitation contrastive ». (Hans-Jürgen Syberberg, La société sans joie)