"Le moulage en plâtre d'un modèle vivant est insubstantiel. Le moulage n'est justifié que sur un autre plan, celui du masque mortuaire : là apparaît le phénomène prodigieux de la métamorphose.

   Le portrait que j'ai réalisé de Max Liebermann, peu avant sa mort, en est un exemple saisissant.

 Lorsque Madame Liebermann me demanda de faire le masque mortuaire de l'artiste, je trouvai ce visage que je connaissais si bien, naguère si plein de spiritualité et si vivant, comme rajeuni et poli par une main apaisante. L'esprit bouillonnant de son existence terrestre avait rejoint le silence de la paix éternel.

Entre le buste et le masque mortuaire n'existaient plus que des rapports restreints. Ce que Liebermann n'avait jamais recherché pendant sa vie et qui, par conséquent, n'avait jamais émané de sa personnalité, rayonnait à travers les traits de son masque mortuaire : une paix profonde, une détente infinie.

MAX LIEBERMANN (1934-35)